Les icônes du monastère de Sainte Catherine, héritage sacré du Sinaï

Le monastère de Sainte Catherine, niché au cœur du désert du Sinaï, abrite l’une des plus riches collections d’icônes chrétiennes anciennes au monde, et la plus vaste collection d’icônes byzantines conservées in situ.

La préservation de ces œuvres constitue à la fois un défi technique et une mission spirituelle : celle de sauvegarder un héritage sacré transmis depuis des siècles.

Certaines icônes du monastère de Sainte Catherine ont été offertes. Beaucoup ont été créés au monastère, et il existe une école iconographique propre au Sinaï. Les icônes du monastère de Sainte Catherine ont principalement été peintes sur bois par les moines entre le 6e et le 15e siècle : elles permettent ainsi de de suivre l’évolution de l’art de l’icône à travers les âges.

Les plus remarquables icônes du monastère de Sainte Catherine sont peut-être celles des 6e et 7e siècles, peintes selon la technique rare de l’encaustique, où les pigments sont liés par la cire fondue. Cette méthode confère aux visages représentés une douceur et une profondeur saisissantes, presque vivantes.

Une randonnée dans le Sinaï vous mène immanquablement sur les pas de Moïse et au monastère de Sainte Catherine : c’est en entrant dans la Basilique de la Transfiguration et en visitant le musée du monastère que vous pourrez découvrir certaines des plus somptueuses icônes du monastère de Sainte Catherine.

L’inestimable galerie des icônes

Annexée à la bibliothèque du monastère de Sainte Catherine, la Galerie des Icônes du monastère de Sainte Catherine regroupe plus de 2000 icônes.

Les icônes byzantines constituent sans doute le trésor le plus remarquable du monastère de Sainte Catherine.

L’Échelle de l’ascension divine

Parmi les plus prestigieuses icônes du monastère de Sainte Catherine, se trouve l’Échelle de l’ascension divine datée du 11e ou 12e siècle, représentant Saint Jean du Sinaï, moine du 6e siècle qui a mené une vie d’ascète au Mont Sinaï et a été abbé du monastère de Sainte Catherine. Il est considéré comme l’un des principaux maîtres de la vie spirituelle chrétienne et comme une figure emblématique de la tradition monastique de l’Orient et de l’Occident.

Icône de l'Échelle de l'ascension divine au monastère de Sainte Catherine
Icônes du monastère de Sainte Catherine : l’Échelle de l’ascension divine

Les trente échelons de l’échelle symbolisent les vertus décrites par Saint Jean du Sinaï dans son traité d’ascèse et de théologie intitulé Klimax – L’Échelle de l’ascension divine. La scène est divisée en deux parties égales. À gauche, les moines gravissant les échelons du chemin ascétique se dirigent vers le Christ et la grâce de l’amour divin. À droite de la composition, les moines qui n’ont pas persévéré dans l’ascèse sont précipités dans le vide par des démons, symboles des vices. Au sommet de l’échelle, Saint Jean du Sinaï lui-même est accueilli par le Christ. L’archevêque Antonios, qui fut sans doute son successeur à la tête du monastère de Sainte Catherine, le suit, quelques échelons plus bas.

Moïse devant le Buisson ardent

Les images qui mettent en avant le Buisson ardent ont évidemment une tonalité particulière au Sinaï puisqu’elles évoquent le site sur lequel fut construit le monastère de Sainte Catherine. Parmi les icônes du monastère de Sainte Catherine, l’icône Moïse devant le Buisson ardent a une résonance toute particulière.

Icône de Moïse devant le Buisson ardent au monastère de Sainte Catherine
Icônes du monastère de Sainte Catherine : Moïse devant le Buisson ardent

Datée de la fin du 12e siècle ou début du 13e siècle, l’icône Moïse devant le Buisson ardent est la représentation du jeune Moïse qui pose son pied gauche sur une roche du Mont Horeb et délie sa sandale devant le Buisson ardent (selon l’Exode 3:2 ; symboliquement, à l’image de Moïse déliant ses sandales, Dieu souhaite délier son peuple de la servitude). Regardez dans le coin inférieur gauche du cadre : le donateur de l’icône est représenté accroupi dans une attitude de supplication. On ne sait pas si le turban qu’il porte indique son origine, mais on sait que Moïse fait l’objet chez les Musulmans d’un respect particulier.

Le Buisson ardent est une ronce de l’espèce Rubus sanctus, ou « mûrier sauvage » : elle ne fait pas partie à proprement des plantes médicinales du Sinaï mais c’est l’une des espèces que l’on trouve spécifiquement dans la zone Sainte Catherine.

Le Buste de Christ Pantocrator

Icône du Christ Pantocrator au monastère de Sainte Catherine, VIe siècle
Icônes du monastère de Sainte Catherine : Le Christ Pantocrator

Le Buste de Christ Pantocrator date du 6e siècle. Cette icône est l’une des plus anciennes représentations de Jésus. La qualité exceptionnelle de cette icône incite à penser qu’elle fut produite à Constantinople, peut-être durant le règne de Justinien (fondateur du monastère de Sainte Catherine) et peut-être envoyée comme cadeau royal au monastère de Sainte Catherine par l’Empereur.

La crucifixion avec les Saints

Icône de la Crucifixion du Christ avec les saints conservée au du monastère de Sainte Catherine, XIIe siècle
Icônes du monastère de Sainte Catherine : Crucifixion avec les Saints

Au centre de cette icône du monastère de Sainte Catherine : le Christ sur la croix, la Vierge et Saint Jean.

Dix-huit bustes de saints sont dessinés dans l’encadrement, y compris celui de la martyre Sainte Catherine (en bas au centre) : l’icône était bien destinée au Sinaï, bien qu’elle soit de style typique de Constantinople de la deuxième moitié du 12e siècle.

Cette icône présente des caractéristiques remarquables : au lieu d’être debout, le corps du Christ est plié, drapé dans un pagne translucide, ses yeux sont fermés (symbole de la mort) et sa tête tombe sur ses épaules (comme s’il était dans un profond sommeil). La Vierge, n’effectue pas un geste de prière mais croise les bras. Au lieu de tenir un codex et de pointer vers le Christ, Saint Jean incline la tête et pose sa main droite sur sa joue en signe de tristesse.

Les trois corps sont dessinés très allongés, et dans des postures nobles, symbole d’état émotionnel humble et réservé.

L’Annonciation

Icône de l'Annonciation conservée au monastère du Sinaï
Icônes du monastère de Sainte Catherine : l’Annonciation

Cette icône datée de la fin du 12e siècle est probablement issue d’un atelier de Constantinople. Elle est un chef-d’œuvre tout à fait remarquable par sa grande sensibilité et son raffinement extrême. La colombe du Saint Esprit est en suspens dans un médaillon d’or au-dessus de la Vierge dont la figure est finement et délicatement représentée. L’archange s’approche de manière hésitante, dans un mouvement serpentin, comme une danse. Aux pieds des protagonistes, le paysage aquatique composé d’une rivière de poissons et de poules d’eau est tout à fait unique et illustre une des épithètes de la Vierge : celles qui donne des grâces.

Menologion pour toute l’année

Icônes du monastère de Sainte Catherine : Menologion pour toute l'année
Icônes du monastère de Sainte Catherine : Menologion pour toute l’année

Parmi les icônes du monastère de Sainte Catherine se trouvent les plus anciennes icônes calendrier (calendrier annuel et calendrier mensuel). Elles remontent quasiment au temps de leur invention, c’est à dire à la fin 10e siècle – début du 11e siècle.

Le Menologion pour toute l’année est un diptyque : il représente tous les Saints que l’on célèbre au cours d’une année. Les saints de chaque jour sont représentés par groupes de trois, interrompus par les images des grandes fêtes. Au sommet de ce diptyque figurent le Christ et la Mère de Dieu, et les principales fêtes de l’Église chrétienne.

Les facteurs de préservation des icônes du monastère de Sainte Catherine

De toutes les icônes byzantines qui ont réussi à traverser les âges, plus de la moitié se trouvent au monastère Sainte-Catherine.

Certaines icônes vita sont également présentes au monastère : elles sont parmi les premières icônes vita au monde. Littéralement « image de la vie », les icônes vita sont un type d’iconographie apparu au Moyen Âge. Dans ces icônes, le portrait d’un saint, figuré le plus souvent en pied, est encadré par des vignettes de petit format représentant des scènes de sa vie. Ces icônes représentent les personnages les plus populaires du calendrier orthodoxe et, en Occident latin, elles ont été largement déployées dans l’art franciscain, particulièrement en Italie, entre les 11e et 12e siècles, au service de Saint François d’Assise.

Le monastère de Sainte Catherine abrite également des icônes de l’ère paléologue (plus picturales et stylisées), des icônes de l’école crétoise (qui accorde une grande attention aux détails), des icônes russes.

Icônes du monastère de Sainte Catherine : icône de  l'art paléochrétien représentant le Christ sur le trône
Icônes du monastère de Sainte Catherine : icône de  l’art paléochrétien représentant le Christ sur le trône

La situation géographique du monastère de Sainte Catherine

Situé dans le désert du Sinaï, un désert montagneux éloigné des grands centres urbains et des routes de conquête, le monastère de Sainte Catherine a été épargné par les grandes vagues de destruction iconoclaste (comme ce fut le cas en Orient par exemple, aux 8e et 9e siècles). De plus, l’air sec du Sinaï, et son climat stable, ont sans aucun doute joué un rôle majeur dans la préservation naturelle des pigments et des bois (c’est d’ailleurs ce micro climat si particulier qui explique aussi la présence de tant de plantes médicinales du Sinaï).

Une présence monastique continue

Depuis sa fondation par l’empereur Justinien 1er au début du 6e siècle, le monastère de Sainte Catherine a été habité par les moines de manière ininterrompue (ce qui est unique au monde !). La tradition et la ferveur orthodoxe y sont restées vivantes, et les moines ont toujours eu une conscience aiguë de la valeur liturgique et historique des icônes. Ils ont ainsi assuré une transmission continue du soin apporté à ces icônes du monastère de Sainte Catherine, tant sur le plan matériel que sur le plan spirituel.

Une entente inter-religieuse

Lors de la conquête musulmane de l’Égypte au 7e siècle, la religion musulmane (et la langue arabe) remplacèrent progressivement le christianisme et la langue copte, mais les moines du monastère, protégés par un édit de Mahomet qui les prenait sous sa protection, continuèrent de vivre et faire vivre le monastère de Sainte Catherine : cela contribua à la préservation du lieu et des icônes du monastère de Sainte Catherine à travers les siècles.

Depuis la fondation du monastère de Sainte Catherine, les moines ont toujours entretenu d’excellentes relations avec les populations musulmanes locales, en particulier avec les Bédouins de la tribu Djebeliah (« ceux de la montagne »), qui vous guident à Sainte Catherine et dans le Mont Sinaï et sont considérés comme les gardiens et les protecteurs des terres sacrées de Sainte Catherine et du Mont Moïse. D’ailleurs, encore aujourd’hui des Bédouins travaillent à l’intérieur du monastère, avec les moines, et il n’y a pas une famille bédouine que les moines ne connaissent pas.

La préservation des icônes du monastère de Sainte Catherine aujourd’hui

La préservation des icônes du monastère de Sainte Catherine est un enjeu majeur, tant pour les spécialistes de l’art sacré que pour les moines qui en sont les gardiens. C’est aussi un enjeu pour l’Humanité toute entière.

À partir de la fin des années 1950, les premières grandes campagnes de documentation et de protection des icônes du monastère de Sainte Catherine furent initiées. Dans un premier temps ce furent des travaux de recherche, d’inventaire et de photographie.

En effet, une grande mission scientifique menée par le professeur Kurt Weitzmann se déploya en 1956 en collaboration avec le monastère de Sainte Catherine et plusieurs institutions académiques : l’Université de Princeton, l’Université du Michigan puis par la suite l’Université d’Alexandrie. Des équipes de chercheurs se rendirent alors sur place dans le Sinaï : leur objectif n’était pas de restaurer, mais de préserver par l’image, d’étudier les œuvres dans leur contexte vivant, et d’en faire l’inventaire avant toute dégradation future.

Grâce au travail de cette première mission, une seconde mission travailla au début des années 1970 à la mise en place de photographie systématique des icônes, la documentation des fresques murales et des manuscrits, et la création de publications scientifiques.

C’est ensuite que les moines commencèrent à nettoyer avec prudence et précaution des icônes anciennes obscurcies par le temps, l’humidité des lieux où elles étaient entreposées ou les fumées de cierges. Formés aux techniques traditionnelles d’iconographie, ils effectuèrent des restaurations légères de certaines œuvres.

Des restaurations plus techniques commencèrent dans les années 1980–1990 : les moines du monastère de Sainte Catherine travaillèrent alors en collaboration avec des experts byzantins grecs et russes.

L'une des premières représentations de l'apôtre Pierre : peinture encaustique conservée au monastère de Sainte Catherine
Icônes du monastère de Sainte Catherine : l’une des premières représentations de l’apôtre Pierre

Il est important de savoir qu’il n’y a pas de campagne de restauration invasive : la plupart des icônes du monastère de Sainte Catherine sont conservées dans leur état originel, la priorité étant donnée à la préservation passive des œuvres par le contrôle du climat (températures et humidité) dans les salles où sont conservées les icônes, la non exposition à la lumière, la protection par des vitres et films solaires, etc.

Le fruit de ces travaux est aujourd’hui en partie accessible au public :

D’ailleurs, les Ressources Visuelles de l’Université de Princeton sont absolument remarquables et toutes celles et ceux qui s’intéressent à la préservation du patrimoine mondial devraient les consulter ! : Visual Ressources of Princeton University

Envie de contempler les icônes du monastère de Sainte Catherine lors d’une randonnée dans le Sinaï ?

Découvrez le fabuleux travail d’iconographie des moines du monastère de Sainte Catherine…

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