La géologie du Sinaï : des paysages d’une étonnante diversité, témoins de l’histoire de la Terre

Le désert du Sinaï est un lieu empreint de spiritualité : les récits de Moïse menant son peuple jusqu’au Mont Sinaï, les pèlerins qui depuis des siècles foulent cette terre, les Bédouins, riches d’un savoir ancestral et véritables gardiens des lieux.

La péninsule du Sinaï est également l’un des territoires du Moyen-Orient les plus fascinants géologiquement. La géologie du Sinaï est l’œuvre de millions d’années de bouleversements tectoniques, d’érosions incessantes et de sédimentations successives.
Sa diversité de roches et de paysages raconte l’histoire de la Terre : les montagnes de granit rose, les canyons de grès sculptés par l’eau, les oueds sablonneux et les formations volcaniques…

Aujourd’hui le Sinaï est un paysage aride et minéral que le feu, l’eau et le vent ont façonné patiemment. Une randonnée dans le Sinaï c’est poser ses pas sur une mosaïque géologique extraordinaire, où dialoguent des roches de natures, d’âges et d’origines différentes. C’est cheminer au cœur d’une palette de couleurs minérales admirables, c’est approcher la beauté d’un monde qui s’est formé bien avant que l’Homme n’apparaisse, un monde dont l’histoire est bien plus ancienne que les textes sacrés.

La formation géologique du Sinaï

Le Sinaï est né d’une succession de plissements anciens, d’une mer peu profonde, de mouvements tectoniques puissants, et d’une longue érosion silencieuse.
La géologie du Sinaï raconte une histoire de plus de 600 millions d’années. En randonnée dans le Sinaï, chaque jour est un festival pour nos yeux : granit rose, grès ocres, roches magmatiques noires, calcaires blancs… du grand spectacle !

La géologie du Sinaï : le granit du massif du Mont Sinaï et du Mont Sainte Catherine
La géologie du Sinaï : le granit du massif du Mont Sinaï et du Mont Sainte Catherine

Il y a plus de 600 millions d’années : le socle arabo-nubien

Le massif granitique du Mont Sinaï et du Mont Sainte Catherine, là où se trouve le monastère de Sainte Catherine (qui abrite les fameuses icônes du monastère de Sainte Catherine), est le cœur rocheux du sud Sinaï.

Il y a plus de 600 millions d’années, un phénomène de refroidissement en profondeur du magma dans la croûte terrestre donna naissance à du granit. Ensuite, sous l’effet de la pression et de la chaleur, les roches de granit se transformèrent en gneiss et en schiste (c’est ce que l’on appelle le métamorphisme).

Ces roches granitiques et métamorphiques forment la base géologique du Sinaï : on l’appelle le bouclier arabo-nubien, un vestige de l’histoire géologique de l’Afrique et de l’Arabie, un continent extrêmement ancien.

C’est donc ce socle, composé de granit vieux de plus de 600 millions d’années, qui donne au Sinaï son relief le plus minéral et le plus ancien : des granits roses et gris, du gneiss et du schiste gris, vert foncé, bleu-noir, parfois même lustré.

La géologie du Sinaï : des calcaires blancs dans le désert du Sinaï
La géologie du Sinaï : des calcaires blancs dans le désert du Sinaï

Une mer au Sinaï

Le socle arobo-nubien (qui s’étend jusqu’au Soudan et à l’Éthiopie) s’est donc formé il y a environ 600 millions d’années.

Quelques centaines de millions d’années plus tard, c’est-à-dire sur une période s’étalant de 500 à 100 millions d’années avant aujourd’hui, la région du Sinaï s’est retrouvée plusieurs fois immergée, vraisemblablement par une mer peu profonde.

Comme toujours quand il y a immersion puis retrait des eaux, des couches sédimentaires riches en coquilles, coraux et sédiments fins se formèrent.

Ainsi, le désert du Sinaï est composé de grès, dont les couleurs varient de la tonalité jaune à la tonalité rouge, de calcaires gris ou blancs, de dolomies – une  roche sédimentaire carbonatée principalement composée de dolomite (50% au moins) et de calcite qui cristallise en prismes losangiques, de marnes et même de gypses. Ce sont ces sédiments très anciens qui composent les canyons colorés du désert de grès du Sinaï, les roches sculptées par le vent et toute la diversité minérale des montagnes du Sinaï… autant de beautés approchées lors d’une randonnée dans le Sinaï.

La géologie du Sinaï est liée à des soulèvements tectoniques, comme ici, au pied du Mont Sainte Catherine
La géologie du Sinaï est liée à des soulèvements tectoniques, comme ici, au pied du Mont Sainte Catherine

Des failles et des soulèvements

Toute la région du Sinaï a ensuite connu de grands bouleversements tectoniques, à partir du Crétacé (- 145 à – 66 millions d’années) et surtout du Tertiaire (- 66 à – 2,58 millions d’années).

Le golfe de Suez s’est ouvert à l’ouest, le rift de la mer rouge s’est formé à l’est et des blocs de granit se sont soulevés, donnant naissance au massif du Sinaï tel qu’on le connaît aujourd’hui.

C’est ainsi qu’ont vu le jour les hautes montagnes du Sinaï – le Mont Sainte Catherine culmine à 2642 mètres et le Mont Sinaï à 2285 mètres -, les dômes granitiques et les profonds canyons du désert de grès.

Depuis plus de 600 millions d’années, la terre vit, bouge, se fracture, se plisse. Elle est entaillée et modelée par des forces tectoniques colossales, sculptée par l’eau, le vent et le temps… et elle façonne les spectaculaires paysages du Sinaï, où coexistent des roches anciennes issues du magma et des sédiments marins, des failles actives et des reliefs érodés.

C’est ainsi que s’est formée la géologie du Sinaï, dans sa somptueuse et riche diversité.

La géologie du Sinaï : des blocs de roches de granit rose au pied du Mont Sinaï
La géologie du Sinaï : des blocs de roches de granit rose au pied du Mont Sinaï

La diversité de la géologie du Sinaï

La géologie du Sinaï est d’une spectaculaire diversité : plissements, fractures, dômes, canyons… on ne sait plus où donner de la tête !

Depuis des centaines de millions d’années, les éléments et les mouvements de la terre ont donné forme à des arches, des champignons rocheux, des cheminées de fée, des immenses blocs arrondis, des falaises striées, des filons basaltiques verticaux, des lits d’oued polis par les eaux.

Le désert du Sinaï, séculaire, mer fossile, est un véritable musée géologique à ciel ouvert.

Les hautes montagnes du Sinaï sont le noyau le plus ancien de la géologie du Sinaï
Les hautes montagnes du Sinaï sont le noyau le plus ancien de la géologie du Sinaï

Le massif granitique du mont Moïse et du mont Sainte Catherine

Situé au cœur de la péninsule du Sinaï, le massif granitique du Mont Sinaï et du Mont Sainte Catherine est un massif minéral austère, imposant, emblématique.

Ici il n’y a ni sable ni grès… mais du granit rose, rouge et gris, parfois veiné de quartz blanc scintillant au soleil. Ces roches sont nées du feu de la terre, quand le magma a refroidi en profondeur, il y a plus de 600 millions d’années : il est monté patiemment depuis les entrailles de la Terre, a refroidi très lentement, puis a été mis à nu par des millions d’années d’érosion. La mer s’est retirée, les sédiments ont été emportés, et aujourd’hui c’est une ossature minérale brute, aux formes arrondies ou déchiquetées qui se lance à l’assaut du ciel.

Le granit est dur et résistant, et il n’est pas propice à la végétation, pourtant dans la moindre fissure, le moindre passage, des végétaux et des plantes témoignent de leur fol élan pour la vie : dans les hautes montagnes, ces plantes à la force et la résistance incroyables sont réputées pour être des plantes médicinales du Sinaï.

Les hautes montagnes du Sinaï sont le noyau le plus ancien et le plus élevé de toute la péninsule du Sinaï, une cathédrale minérale née des profondeurs de la Terre, un univers vertical, silencieux, où chaque pierre semble avoir été déposée là depuis des millénaires, par des géants que l’on imagine sans peine.

Les dentelles de grès des canyons du désert du Sinaï
Les dentelles de grès des canyons du désert du Sinaï

Les canyons de grès du Sinaï : couleurs, dentelles et lumières

En contrebas des hautes montagnes du Sinaï, au nord-est du massif granitique du Mont Sinaï, le désert du Sinaï présente un tout autre visage. On entre dans une géologie du Sinaï plus jeune, plus friable, qui semble plus fragile : les canyons colorés de grès, véritables vallées sculptées par l’eau, érodées par les vents et le passage du temps.

Dans une alliance de doux et de saisissant, le granit côtoie le grès qui déploie une fascinante palette de couleurs et de lumières : en randonnée dans le Sinaï dans le désert de grès, on chemine dans un univers intime et poétique.

Le grès du Sinaï est une roche sédimentaire née de l’accumulation et de la compression de sables anciens déposés par la mer et le vent il y a des centaines de millions d’années. Le sable est devenu roche : c’est du grès ! Plus tendre que le granit, le grès vulnérable a été peu à peu érodé par les crues soudaines et le vent du désert du Sinaï, formant des canyons profonds et sinueux, parfois même très étroits, des gorges aux formes courbes semblables à des vagues figées ou de flots tranchants.

Il y a quelque chose qui touche au mystère et au secret à marcher dans ces couloirs de pierre aux parois sculptées, dentelées, parfois toutes lisses, comme si le souffle du temps les avais dénudées de toute aspérité, de toute accroche. Le son y est étouffé, il y fait plus frais, on s’y faufile lentement. Là où la lumière entre délicatement, dans des tonalités de couleurs variant du blanc à l’ocre, du rose au rouge et même au violet, le silence bien souvent est d’or.

Les canyons étroits du désert de grès du Sinaï
Les canyons étroits du désert de grès du Sinaï

Les plaines désertiques et les oueds sablonneux, une autre facette de la géologie du Sinaï

Parfois les canyons s’évasent, les montagnes se font moins hautes et le désert du Sinaï s’ouvre sur des plaines désertiques, souvent traversées par des lits de rivières (des wadis ou oueds) souvent à sec, mais qui peuvent connaître des crues subites donnant naissance à des torrents modifiant la géologie du Sinaï. Lorsqu’il pleut (et ça peut n’arriver qu’une seule fois par an !) l’eau dévale les pentes rocheuses et s’engouffre dans les plaines, charriant le sable, les pierres, les minéraux et les graines.

Les plaines désertiques du Sinaï sont donc formées par l’accumulation d’alluvions, l’érosion des roches tendres et les dépôts de sable que porte le vent.

Des plaines désertiques et des oueds sablonneux au cœur de la géologie du Sinaï
Des plaines désertiques et des oueds sablonneux au cœur de la géologie du Sinaï

En contrastes avec les montagnes du Sinaï et les canyons, les plaines et les oueds sont des décors mouvants : le sable ondule, on y voit des traces d’animaux (chameaux, renard du désert, gerboise), d’insectes (scarabée, sauterelle) et de Bédouins. Le sol est meuble et fragile, le vent circule librement et compose une musique délicate et éphémère, une végétation discrète y trouve place : tamaris, genêts, jujubiers (qui signalent immanquablement une source), rose de Jéricho, et des plantes médicinales du Sinaï telle que l’armoise.

Dans cette géologie du Sinaï, les Bédouins lisent et interprètent les signes : l’humidité du sable, les empreintes, les animaux, la présence de plantes… tout leur est familier tant ils ont une parfaite connaissance de leur terre.

Ces espaces ouverts et aérés sont des passages et des repères pour le peuple bédouin, des lieux d’observation.

Pour nous qui y cheminons lors d’une randonnée dans le Sinaï, c’est entrer dans une mémoire géologique invisible, celle de l’eau, essentielle au Vivant. C’est percevoir des sons différents que ceux que l’on entend dans les montagnes du Sinaï, c’est entrer dans une autre respiration, un autre silence.

Une géologie du Sinaï richement colorée !

Les couleurs fascinantes de la géologie du Sinaï

La palette minérale de la géologie du Sinaï, en particulier dans le désert de grès, est l’une des facettes les plus sensibles et spectaculaires du désert du Sinaï tellement les nuances sont infinies.
Ici, on vit dans le polychrome. Des couleurs jamais uniformes apparaissent en couches successives, en ondes, en marbrures.
Parfois, on dirait qu’il s’agit de l’œuvre d’un peintre !

De subtiles variations de couleurs, y compris au sol
De subtiles variations de couleurs, y compris au sol

Dans les canyons du désert du Sinaï, les falaises et les dalles rocheuses sont couleur. Elles captent la lumière, la décompose, la transforme… c’est fascinant…

C’est parce que le grès provient de la compression de sables anciens, mélangés à des oxydes de fer, de manganèse, ou à des minéraux plus rares (comme le quartz par exemple) que les couleurs sont si variées. Le jaune doré correspond aux couches les plus tendres, le rouge profond, presque brique, est riche en fer oxydé, le violet est lié à des dépôts de manganèse, le blanc illumine de son éclat dans les zones très pures, presque calcaires, le rose pâle est un rouge adouci par le calcaire.

Dentelles, stries, marbrures : la géologie du Sinaï est un festival de couleurs dans le désert de grès
Dentelles, stries, marbrures : la géologie du Sinaï est un festival de couleurs dans le désert de grès

Dans le désert du Sinaï, parfois on ne sait plus si c’est la lumière qui éclaire la roche ou si c’est la roche qui colore la lumière !

Des pastels tendres à l’aube à des couleurs feu au coucher de soleil, une randonnée dans le Sinaï est une déambulation au cœur d’un minéral unique, d’une densité et d’une émotion incroyablement intenses.

Si vous êtes féru de géologie du Sinaï, nous vous recommandons la lecture du Bulletin de l’institut d’Égypte de l’année 1900 :
→ Exploration géologique dans la péninsule sinaïtique (1re partie)
→ Exploration géologique dans la péninsule sinaïtique (2e partie et fin)

Souleyman au cœur de la polychromie de la géologie du Sinaï !
Souleyman au cœur de la polychromie de la géologie du Sinaï !

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