La yourte, l’âme des mongols

La yourte (étymologie d’origine turque), ger en mongol (qui signifie habitation) est l’habitat traditionnel des peuples nomades des steppes d’Asie Centrale.

Un voyage en Mongolie, c’est aller à la rencontre de vastes steppes mongoles et de paysages désertiques très variés, tout en partageant les traditions nomades avec les Mongols, peuple fascinant et hospitalier de nature. On y découvre un mode de vie unique dont l’élément fondamental est la yourte.

Les yourtes sont particulièrement associées aux peuples nomades, cavaliers, éleveurs et chasseurs mongols. Dès le 13e siècle, grâce à la notoriété de grands chefs mongols comme Gengis Khan, ce mode d’habitat fut connu bien au-delà de l’Asie centrale. Parfois de taille imposante, parfois même construites de façon permanente sur des chariots pour en faciliter la mobilité, les yourtes sont devenues l’une des caractéristiques majeures et identitaires des nomades des steppes d’Asie centrale, et en particulier des steppes de Mongolie.

Depuis le milieu du 20e siècle, la Mongolie a connu une forte urbanisation (la moitié de la population mongole vit à Oulan Bator, la capitale). Pour autant, près de la moitié du peuple mongol vit encore sous une yourte, soit dans les steppes, où la yourte est l’unique habitat des nomades mongols, soit dans les villages, et même dans certains quartiers d’Oulan Bator.

C’est tout à fait remarquable lorsque l’on sait que seul 1,5% de la population mondiale est nomade !

la yourte : l'habitat traditionnel mongol
la yourte : l’habitat traditionnel mongol

L’histoire des yourtes est totalement liée à l’histoire des peuples nomades de la steppe eurasienne.

Les premières évocations d’habitat de forme arrondie remontent à plus de 3000 ans, voire 5000 ans : il s’agit alors de huttes et de tipis. Hérodote (historien et géographe grec, né vers 484 avant JC et mort vers 425 avant JC) mentionne, dans le livre IV de l’Histoire, l’habitat traditionnel des Scythes qui évoque la yourte (les Scythes sont un peuple de cavaliers nomades des steppes d’Asie centrale, réputés pour être de farouches guerriers et dont la présence remonte au VIIe siècle avant JC). Il les décrit ainsi : « Les Scythes nomades qui habitaient en Asie sont, de tous les peuples que nous connaissions, ceux qui ont trouvé les moyens les plus sûrs pour se conserver les avantages les plus précieux ; mais je ne vois chez eux rien autre chose à admirer. Ces avantages consistent à ne point laisser échapper ceux qui viennent les attaquer, et à ne pouvoir être joints quand ils ne veulent point l’être : car ils n’ont ni villes ni forteresses. Ils traînent avec eux leurs maisons ; ils sont habiles à tirer de l’arc étant à cheval. Ils ne vivent point des fruits du labourage, mais du bétail, et n’ont point d’autres maisons que leurs chariots. Comment, de pareils peuples ne seraient-ils pas invincibles, et comment serait-il aisé de les joindre pour les combattre ? ».

Les Tsaatans, peuple nomade, éleveurs de rennes, vivant dans le Nord de la Mongolie, au cœur des forêts proches du lac Khövsgöl, disposent toujours d’un habitat traditionnel appelé orts. L’orts est un tipi recouvert de peaux de bêtes et c’est assurément l’ancêtre mongol de la yourte.

La yourte : elle est montée en une demie heure par celles et ceux qui savent !
La yourte : elle est montée en une demie heure par celles et ceux qui savent !

À la fin du 13e siècle, à l’époque du grand empire mongol hérité de Genghis Khan (dont le règne représente l’apogée des civilisations des steppes) et agrandi par ses descendants, Marco Polo décrivait ainsi l’habitat mongol dans ses écrits : « Leurs huttes sont formées de tiges recouvertes de feutre, et comme elles sont exactement rondes et bien assemblées, ils peuvent les rassembler en un seul paquet qu’ils emportent dans leurs migrations sur une sorte de voiture à quatre roues ».

Petite parenthèse au sujet de Marco Polo (1254-1324) : il fut l’interlocuteur occidental de Kubilaï Khan, petit-fils de Gengis Khan, et premier empereur mongol de la dynastie Yuan. En effet, Kubilaï Khan était un souverain ouvert sur le monde qui accueillait avec une grande hospitalité les étrangers. Il connaissait déjà Niccolò et Matteo Polo (père et oncle de Marco). Quand il rencontra le jeune Marco, il fut intrigué par la curiosité du vénitien qui avaient appris les langues orientales, le tartaresque, le ouïgour, le persan et l’arabe. Niccolò et Matteo occupèrent les fonctions de conseillers militaires de l’empereur mongol Kubilaï Khan et Marco Polo intégra son service diplomatique. Ainsi, l’explorateur vénitien mena de nombreuses expéditions diplomatiques financées par Kubilaï Khan. Marco Polo fut nommé gouverneur de la ville de Hangzhou (située au sud-est de Shanghai, qui n’existe pas à l’époque) par l’Empereur Kubilaï Khan. Ce fut un immense honneur car Hangzhou était l’une des plus belles et plus riches cités de l’Empire mongol.

Marco Polo devint écrivain célèbre en partie pour la description qu’il a donnée de l’empire sino-mongol de Kubilaï Khan dans « Le devisement du monde », paru en 1298, et plus connu sous le titre « Livre des merveilles ».

Fermons la parenthèse Marco Polo et revenons à nos yourtes mongoles !

Les gers (yourtes) des Khans et des généraux étaient spacieuses et en effet construites sur des chars à quatre roues, tirés par des dizaines de bœufs lors des déplacements. On appelait khibitkha (ou ger tergen) ces yourtes montées en permanence sur un chariot. Les yourtes khibitikha étaient réservées à l’élite des steppes de Mongolie, comme les chefs de clan et les chefs de tribus mongoles.

Les plus grandes yourtes étaient les palais des Khans (orda ger : yourte-palais). Ils y recevaient les notables mongols, les généraux de l’armée, les commerçants, les émissaires étrangers, il y organisaient les réunions et assemblées importantes… Ces yourtes, orda ger, étaient richement décorées de peaux d’animaux rares et sauvages (tigre, lion…) et ornées d’or.

Les familles de haut rang au sein d’une tribu pouvaient avoir plusieurs yourtes qui servaient à héberger séparément différents membres du groupe, tels que les enfants plus âgés, les gardes du corps, les domestiques et les femmes subalternes. Le positionnement des yourtes dans un camp (ordu) était également important dans les camps impériaux, la première femme du Khan ayant la tente la plus proche de l’ouest, la femme la plus jeune à l’est et les concubines, les enfants et les serviteurs un peu en retrait.

Les camps impériaux, où le Khan vivait, étaient de très grands campements et leur disposition était particulière : les khibitikha formaient un périmètre carré extérieur et les autres yourtes étaient disposées à l’intérieur de ce carré. La yourte du Khan, chef de la tribu, était installée au centre du camp, lui permettant de vaquer facilement d’une yourte à une autre, particulièrement la nuit, selon la femme avec laquelle il souhaitait passer un peu de temps !

Les éleveurs nomades et les familles plus modestes disposaient de yourtes plus petites, montées au sol, qu’ils démontaient et transportaient à dos de chameaux ou de yaks. Les campements de ces familles nomades « ordinaires » étaient formés par un cercle de yourtes, à l’intérieur duquel se trouvaient les véhicules et le bétail de la tribu. Cet arrangement portait le nom de gure’en. Comme la plupart des nomades éleveurs des steppes mongoles vivaient en petits groupes pour ne pas surcharger les pâturages dans un espace restreint, les campements du peuple mongol étaient en général de petits campements.

L’archéologie a démontré que même lorsque les villes furent conquises durant les grandes invasions mongoles, les nomades et éleveurs de Mongolie installaient parfois leurs yourtes dans les remparts détruits. C’est ainsi qu’au 13e siècle, de nombreuses yourtes furent installées dans des jardins de villas.

Au fil des siècles, les yourtes persistèrent dans les zones urbaines et étaient utilisées lors de fêtes, de réceptions officielles, et aussi pour les accouchements.

En 1658 fut construite Bat-Ulzii, la plus grande ger jamais bâtie auparavant. Composée de 15 murs et 150 branches, elle était d’un diamètre de plus de 20 mètres et d’une hauteur de 10 mètres. Cette yourte était celle d’Abtai Sain Khani, né en 1554 et mort en 1588, chef des Khalkhas, l’un des groupes ethniques de Mongolie. C’est Abtai Sain Khani qui ordonna en 1585 la construction du monastère d’Erdene Zuu, le premier monastère bouddhiste de Mongolie.

Les vestiges en pierres de la base et du support des poteaux de Bat-Ulzii sont visibles à Karakorum, capitale de l’empire mongol de Gengis Khan, à l’intérieur des murs du monastère d’Erdene Zuu. Et une réplique de cette yourte est exposée à Oulan Bator, sur les rives de la rivière Selbe.

À partir du Moyen-Age, les nomades mongols firent évoluer la structure de la yourte afin de l’alléger. Le toit a ainsi pris la forme de dôme que l’on connaît aujourd’hui (alors qu’autrefois il était haut et pointu comme les tipis). Puis au 20e siècle, des aménagements plus confortables ont été introduits : le poêle (khaalga) a remplacé le feu à même le sol (il sert à chauffer l’intérieur de la yourte et à cuisiner), une porte solide en bois a remplacé le rabat en feutre, des lits ont été installés (avant les nomades dormaient à même le sol, enveloppés dans des peaux de bêtes)…

La yourte : Khoïmor, espace sacré situé au fond de la yourte
La yourte : Khoïmor, espace sacré situé au fond de la yourte

Aujourd’hui, les yourtes sont toutes construites selon le même modèle : la base est formée de plusieurs sections de mur composées d’un treillis pliable à base de bois de cèdre, de couleur orange. Ces sections sont fréquemment au nombre de 5 (donc un équivalent de 5 « murs »), ce qui constitue une yourte d’environ 6 mètres de diamètre et une surface de 30 m2 environ. Sont ajoutées ensuite la porte basse en bois, magnifiquement peinte extérieurement, deux colonnes centrales (de couleur orange également et souvent richement décorées de motifs symboliques) qui soutiennent la structure et enfin le toit (toono) fait d’un cadre cylindrique orange constitué d’environ 80 branches. Un plancher permet d’isoler l’habitat du froid et de l’humidité du sol.

Dans la tradition mongole la couleur orange, qui est celle du lever du soleil, est une couleur qui porte bonheur.

La hauteur au niveau de la porte varie traditionnellement entre 1m50 et 1m80.

Pour assembler la yourte, on déplie les sections murales et on les attache ensemble pour former un cylindre. La porte est attachée avec des sangles (faites de crin de cheval tressé) à l’armature ainsi formée. Puis le toit est fixé aux deux colonnes centrales et ensuite élevé au centre de la yourte. Les branches sont emboîtées entre le cadre de toit et les murs. Plusieurs grands morceaux de feutre sont attachés ensemble à l’extérieur de la yourte pour l’isolation, et pour finir, on la recouvre d’une toile en coton blanche qui protège contre le vent, la pluie et la neige, optimisant ainsi l’isolation.

La yourte d’aujourd’hui garde donc bien la chaleur l’hiver et la fraîcheur l’été car le feutre est un excellent isolant. Elle est très aisément démontable et transportable (une yourte « 5 murs » pèse dans les 250 kg). Une yourte peut être montée ou démontée en seulement 30 minutes… par des initiés !

Contrairement au Kazakhstan et au Kirghizstan où les yourtes sont dépourvues de mobiliers, les yourtes en Mongolie peuvent être équipées de plusieurs lits (selon la taille de la famille) qui servent de canapés en journée. Les familles disposent même parfois d’une armoire et d’une commode, d’une table basse qui sert de table à manger, et de petits tabourets. Tout le mobilier est peint en orange et décoré de motifs symboliques très colorés inspirés de la nature.

Un point commun aux yourtes en Mongolie et au Kazakhstan est le fait qu’elles sont équipées d’une outre en peau pour stocker le lait de jument (que les mongols font fermenter pour obtenir l’airag).

Tout un symbolisme s’exprime dans la conception et l’aménagement de la yourte. La yourte est en réalité une concrétisation du lien étroit et ancestral qui existe entre le peuple Mongol et son environnement, une nature sauvage et extrême.

Ce lien est d’ailleurs la base des religions en Mongolie, particulièrement le chamanisme et le tengrisme, pratiques spirituelles mongoles antérieures à l’arrivée du bouddhisme en Mongolie.

La yourte est une représentation symbolique de la cosmogonie mongole, c’est-à-dire de la représentation du monde du peuple Mongol : la forme ronde de la yourte évoque la voûte céleste, les piliers centraux symbolisent l’axe cosmique, la liaison entre la terre et le ciel, et le feu est placé au centre de cette représentation de l’univers. Il est le premier élément que l’on installe lors du montage de la yourte, et il était auparavant placé sur trois pierres qui symbolisaient le père, la mère et la belle-fille, mère des héritiers. Le feu est donc un élément en lien avec la femme, qui est chargée de l’entretien du foyer.

Aujourd’hui le feu ouvert a été remplacé par un poêle, qui est toujours constitué de trois cercles de métal selon la symbolique de deux cercles de bonheur qui encadrent un cercle de malheur.

Ce même rituel des cercles de bonheur et de malheur se retrouve d’ailleurs dans l’élaboration du Shiniin Idee, la « pièce montée » de biscuits et sucreries typique du Tsagaan Sar, le Nouvel An Mongol, toujours formée d’un nombre impair d’étages de biscuits.

Ainsi, du fait du caractère sacré de la nature et des esprits qui habitent la yourte, elle est elle-même considérée comme un espace sacré, et à ce titre, des règles doivent être respectées lorsqu’on entre dans l’habitation d’une famille mongole traditionnelle.

L’espace de vie que constitue la yourte est donc régi par de nombreux rituels et coutumes ancestrales. 

La porte de la yourte est toujours orientée face au Sud parce que le vent vient du Nord et que cette disposition apporte plus d’ensoleillement. Le lit du chef de famille est positionné juste en face de la porte de la yourte. Le poêle est disposé au centre, ouverture face à l’Est et il y a constamment une réserve de combustible et une pince juste devant le poêle.

On ne frappe pas à la porte d’une yourte et on n’entre pas dans une yourte sans y avoir été invité au préalable. Quand un habitant mongol nous y invite, on entre dans la yourte par le pied droit et on ne doit jamais ni effleurer ni marcher sur le seuil en entrant, car il symbolise le cou du patriarche de la yourte. Du temps de Gengis Khan, si une personne ne respectait pas cette tradition, elle était passible de la peine de mort !

Une fois à l’intérieur, on circule dans le sens des aiguilles d’une montre et on ne doit jamais passer entre les deux piliers centraux de la yourte car ils représentent le lien entre la terre et le ciel et sont donc considérés comme un espace sacré.

Traditionnellement, la place des invités se situe à gauche de l’entrée de la yourte.

Les hommes de la famille prennent place à gauche (à l’Ouest, sous la protection de Tengrii grand dieu du ciel) et les femmes à droite (à l’Est, sous la protection du soleil).

Le fond de la yourte, dévolu aux anciens, est désigné par le terme khoïmor. C’est là que s’assoient les personnes les plus respectées, que sont rangés les biens les plus précieux et qu’est dressé l’autel familial, décoré d’images bouddhiques et de photos de famille. Donc ne vous asseyez pas au fond de la yourte, à moins d’y être expressément invités.

Près de la porte, du côté des femmes, sont rangés les ustensiles de cuisine et les seaux à eau.

Contre les extrémités, il y a des lits et des commodes. Au centre est installée une petite table basse avec plusieurs petits tabourets. Les brosses à dent, vêtements, jouets et pavés de viande crue de mouton sont disposés partout où il reste de la place, ou accrochées aux treillages de la structure entourant la yourte.

La Mongolie est de nos jours l’unique pays où la vie nomade reste un mode de vie aussi répandu. Datant de plusieurs millénaires, le nomadisme est indissociable de la culture, des traditions et de l’histoire mongole. 

Les nomades de Mongolie, d’Asie centrale (Kazakhstan et Kirghizstan), de Turquie et de Chine occidentale vivent encore très largement en yourtes.

En effet, la yourte (ger) est parfaitement adaptée au mode de vie des éleveurs nomades et particulièrement aux familles qui vivent dans la steppe, car leur bétail leur fournit de la matière première nécessaire à la construction d’une yourte : la laine pour la fabrication du feutre, le crin de cheval ou de yak pour les cordes, le cuir et les tendons pour les chevilles qui entrent dans la fabrication des « murs ».

En Mongolie, on compte environ 900 000 nomades et on estime que plus de 90 % d’entre eux vivent en yourtes.

L’élevage des animaux fait partie intégrante de la vie des nomades mongols : c’est grâce à leurs troupeaux qu’ils vivent (vaches, chèvres, moutons, chevaux, yaks, et chameaux dans le désert de Gobi…) et donc ils nomadisent pour les besoins de leurs troupeaux en pâturages.

En général, les nomades se déplacent en suivant le cycle des quatre saisons : les pâturages d’été (proches des rivières) et d’automne servent à faire engraisser les troupeaux afin qu’ils résistent à l’extrême rudesse des hivers mongols. En hiver, les peuples nomades mongols cherchent des emplacements à l’abri des vents et du froid, et construisent des enclos pour protéger leurs troupeaux.

Vaches, chèvres moutons et yaks fournissent aux nomades la viande, le lait, la laine, la graisse et le cuir dont ils ont besoin pour se nourrir, se vêtir et fabriquer les objets du quotidien.

Les chevaux et chameaux sont les moyens de transport des peuples des steppes.

L’immensité des steppes mongoles a fait de l’hospitalité une règle sociale. Le sens de l’accueil est omniprésent et chaque yourte peut faire office d’hôtel, de restaurant, de bar, d’atelier de réparations pour les gens de passage…

Un voyage en Mongolie est une belle occasion pour découvrir la culture nomade mongole des steppes et rencontrer des familles nomades de Mongolie. S’immerger dans le quotidien des nomades, c’est appréhender ce mode de vie en habitat traditionnel, et aussi comprendre les règles de savoir-vivre autour de la yourte.

La yourte fait totalement partie de l’identité des peuples des vastes steppes d’Asie centrale, en particulier des steppes mongoles.

Le maintien de ce mode de vie en yourte est lié à la puissance de l’imaginaire nomade dans la culture mongole.

Notre maison nous permet de rester en contact avec le ciel et avec les hommes.

La nuit, nous nous endormons en regardant les étoiles à travers l’ouverture pour la fumée…

Notre porte est toujours ouverte, quiconque entre est le bienvenu.

Naran Tsetse, nomade zakhchin de Mongolie

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